D’enseignant à directeur d’école:
le parcours d’Elom Akpo
Pour Elom Akpo, la vie est un chemin semé d’embûches qui n’attendent qu’à être surmontées.
« Je me dis que la vie n’est pas sans défis. Dans tout ce que je fais, partout où je vais, le défi me guette : et lorsqu’il s’annonce enfin, c’est comme si j’étais déjà préparé mentalement à l’accueillir. C’est ma nature. »
À la découverte du Grand Nord Blanc
Né au Togo, Elom quitte son pays d’origine pour atterrir au Canada durant l’été 2013. Il séjourne à Chicoutimi ainsi qu’à Sainte-Foy avant de trouver sa voie à l’université d’Ottawa : l’enseignement. Désormais installé dans la région de la capitale nationale, Elom poursuit des études universitaires en 2016 avec pour but d’enseigner dans des communautés autochtones.
Ma mère a été une personne qui m’a inspiré dans ma vie. Elle a été enseignante durant toute sa carrière et a passé les dix dernières années avant sa retraite comme directrice d’école.
« Qu’est-ce qui t’a incité à vouloir enseigner en milieu autochtone ? » , ai-je demandé, intrigué.
« Dans le cadre du Baccalauréat en éducation à l’université d’Ottawa, des cours optionnels étaient offerts à chaque étudiant de 2e année. Parmi ces cours, celui intitulé Éducation Autochtones, Inuits et Métisses m’a permis d’en d’apprendre davantage sur la culture et sur l’éducation chez les premiers peuples d’Amérique du Nord. À mon avis, il s’agit d’un cours qui devrait être imposé à quiconque aspire à enseigner au Canada. »
« Très pertinent! L’histoire des Autochtones au Canada t’a donc interpellé? »
« Tout à fait. D’ailleurs immédiatement après l’obtention de mon diplôme, j’ai décidé d’aller travailler auprès des Premières Nations dans la région de Winnipeg. »
C’est au Manitoba, à titre d’enseignant en immersion française, qu’Elom entame sa première expérience auprès des Premières Nations. Un trimestre s’écoule puis Elom décide de changer de cap. Il se dirige alors vers Hay River, dans les Territoires du Nord-Ouest, pour poursuivre son expérience dans l’enseignement.
« Je serais probablement resté en place plus longtemps, mais le problème a été le même à Hay River qu’à Winnipeg : les commissions scolaires francophones avaient trop peu d’étudiants autochtones à qui enseigner puisque ces derniers fréquentaient les écoles anglophones en grande majorité. »
Notre enseignant originaire du Togo était bien décidé à trouver un endroit au Canada qui serait à sa mesure. Heureusement pour lui, en 2019, Elom parvint à décrocher un contrat avec Kativik Ilisarniliriniq pour ensuite s’envoler vers les contrées nordiques du Québec.
Le Nunavik – eurêka!
Cela va faire 4 années qu’Elom Akpo est avec notre commission scolaire. Actuellement directeur de l’école Tarsakallak à Aupaluk, son parcours a débuté à Salluit, en février 2020, comme enseignant en adaptation scolaire à l’école Pigiurvik avant d’être promu directeur adjoint, un an plus tard, dans cette même école.
« Comment as-tu entendu parler de Kativik Ilisarniliriniq? »
« Un ami Camerounais, avec qui j’ai gardé contact depuis l’université, m’a encouragé à poser ma candidature pour un poste et à trouver ma place ici au Nunavik. En fait, il enseignait déjà pour KI alors que je me trouvais à Hay River. »
« A-t-il eu raison de te convaincre? » , dis-je en riant.
« Effectivement [sourire], ici je me sens vraiment dans mon élément. »
Un élève de 4e année me disait l’autre jour : « Elom, tu es le meilleur des directeurs d’école… tu es toujours joyeux! » Je réalise que la joie que je transporte avec moi a un impact positif sur l’ensemble de l’école et ça me rend fier.
Le rôle d’Elom au sein de l’école Tarsakallak exige qu’il collabore étroitement avec les enseignants pour soutenir leurs besoins tout en s’assurant qu’ils disposent des ressources nécessaires pour offrir une éducation de qualité aux élèves.
« Crois-tu avoir l’étoffe d’un directeur d’école? »
« Un enseignant doit pouvoir se sentir non seulement écouté mais aussi soutenu par l’administration et en tant que directeur d’école, j’ai pour objectif de favoriser ce soutien en demeurant à Aupaluk le plus longtemps possible. » , répond Elom d’un ton mesuré.
« D’après ce que j’ai pu voir, l’équipe école n’hésite pas à s’ouvrir à toi. »
« Oui! Il arrive souvent qu’on vienne à ma rencontre pour faire approuver un projet ou une idée. C’est quelque chose que je sais gérer en ayant recours à l’approche socioconstructiviste. J’aime m’asseoir avec les gens, discuter, poser des questions pour comprendre afin que l’on puisse identifier collectivement des pistes de solutions. Puis, dès que je le peux, je n’hésite pas à donner le feu vert pour toute proposition qui reste dans le domaine du possible. »
« Elom, ce fut un plaisir de t’écouter. Bonne continuation! »