Formation des maîtres : entrevue avec Caroline Inukpuk

2019 | 06 | 5
Histoires

Alors que nous nous préparons pour l’institut d’été de formation des maîtres, rencontrons certaines instructrices de l’année dernière. En juillet 2018, nous avons en effet interviewé Rhoda Ezekiel, Vinnie Baron, Louisa Thomassie, Quppia Kaitak et Caroline Inukpuk. Elles nous ont parlé de leur rôle d’instructrices et nous ont fait part de l’importance pour elles de cette communauté d’éducateurs inuits au cours des années. Nous rencontrons aujourd’hui Caroline Inukpuk.

Relations Publiques : Dites-nous-en un peu plus sur vous et sur la communauté d’où vous venez…
Caroline Inukpuk : Je m’appelle Caroline Inukpuk et je suis originaire d’Inukjuak. Avant de travailler pour la commission scolaire, j’occupais un poste de caissière à La Baie, avant que cela devienne le Northern Store. J’ai ensuite été interprète pour les élèves sourds pendant deux ans, puis je suis devenue enseignante. Pendant longtemps j’ai enseigné en deuxième année, avant de passer en 4e, 5e et 6e année. J’ai aussi occupé un poste de conseillère en formation des maîtres. À mon retour en éducation, j’ai enseigné l’inuktitut à des élèves du premier cycle du secondaire. Actuellement, j’enseigne l’inuktitut à des élèves du second cycle du secondaire. Je connais donc vraiment tous les élèves!

RP : Quel cours avez-vous donné l’été dernier?
CI : J’enseignais les arts du langage.  Dans ce cours, les enseignants apprenaient par exemple à créer des livres avec des histoires inspirantes pour aider les élèves à améliorer leurs aptitudes linguistiques. Nous avons présenté divers outils et ressources numériques pouvant servir à cet effet.

RP : Y a-t-il quelque chose en particulier que vous allez retenir de ce cours ou de ce groupe?
CI : J’aime les moments où les enseignants essaient vraiment d’utiliser les outils que nous leur présentons. Cela les aide vraiment à apprendre lorsqu’ils s’en servent et il y a fort à parier qu’ils vont utiliser ces outils de retour en classe. Je me souviendrai aussi des fous rires que nous avons eus en classe lors de l’écoute d’une chanson. Certaines paroles ont mené à des malentendus vraiment très amusants…

RP : Que souhaitez-vous que les enseignants retiennent de ce cours?
CI : J’espère que les enseignants utiliseront ce qu’ils ont appris au cours des deux dernières semaines, qu’ils le mettront en pratique en classe. Certains vont sans aucun doute le faire. D’habitude, quand je les revois lors d’autres cours donnés par le programme de formation des maîtres, certains enseignants m’expliquent de quelle manière cela s’est passé lorsqu’ils ont mis en œuvre les éléments appris. C’est toujours intéressant d’entendre leurs commentaires et réflexions sur ce qu’ils ont appris et sur la manière dont ils s’en sont servi avec leurs élèves.

RP : Je me trompe ou ce n’était pas la première fois que vous étiez instructrice pour le programme de formation des maîtres?
CI : C’est exact, j’ai donné des cours d’été à plusieurs reprises et j’enseigne même lors des sessions d’hiver. Je donne habituellement des cours intermédiaires de grammaire inuktitute. C’est cependant la première fois que je donnais ce cours.  Le contenu est très différent de ce que j’enseigne habituellement, mais je serai plus à l’aise la prochaine fois. J’ai bien aimé le défi cette fois. 

RP : Quel genre de préparation avez-vous dû faire avant de donner ce cours à l’institut estival?
CI : Les deux instructeurs ont une semaine de préparation avec le soutien d’un consultant. Cette semaine de planification a été très utile.

RP : Vous êtes diplômée du programme de formation des maîtres, je crois?
CI : Oui, je détiens un baccalauréat en éducation de l’Université McGill  depuis 2014.

RP : Quel est l’aspect le plus important que vous retenez de votre passage au programme de formation des maîtres?
CI : Pour moi? Et bien, en tant qu’enseignante à l’école Innalik, je suis très attachée aux élèves. Je veux vraiment qu’ils réussissent. Chaque élève a des talents particuliers. Je veux leur permettre de découvrir ces talents de sorte qu’ils puissent pleinement les développer. La première fois que j’ai été instructrice pour le programme de formation des maîtres, j’ai donc eu la même approche. Je croyais que ce serait très difficile d’enseigner à d’autres enseignants, je pensais qu’ils en sauraient plus que moi! Toutefois, lorsque j’ai donné les cours d’inuktitut intermédiaire, et de grammaire et orthographe, j’ai constaté qu’en matière d’apprentissage, les adultes sont exactement comme des adolescents. C’est vraiment amusant! Quand ils comprennent ce que vous leur enseignez, quand ça clique, ils deviennent tout excités et travaillent d’arrache-pied pour réussir. J’adore cela! Ce sont les meilleurs moments! Pour moi, ce fut très intéressant de réaliser que les adultes et les adolescents apprennent de la même manière. Cette compréhension, je l’ai acquise grâce au programme de formation des maîtres. L’autre chose que ce programme m’a donnée, c’est une famille. Je suis très attachée aux autres enseignants, ce sont comme des amis, voire des parents. Je les connais maintenant depuis longtemps et nous passons de très agréables moments lors des cours de formation des maîtres. Je me suis forgé un réseau de collègues enseignants à la grandeur du Nunavik et ils me sont très chers.

RP : Quel conseil auriez-vous pour la prochaine génération de Nunavimmiut qui envisage une carrière dans l’enseignement?
CI : Je dis toujours à mes élèves qu’ils peuvent faire tout ce qu’ils souhaitent. Si quelqu’un s’intéresse à quelque chose, il est possible de l’enseigner. Si vous envisagez de devenir enseignant, foncez!