Formation des maîtres : entrevue avec Rhoda Ezekiel
Alors que nous nous préparons pour l’institut d’été de formation des maîtres, rencontrons certaines instructrices de l’année dernière. En juillet 2018, nous avons en effet interviewé Rhoda Ezekiel, Vinnie Baron, Louisa Thomassie, Quppia Kaitak et Caroline Inukpuk. Elles nous ont parlé de leur rôle d’instructrices et nous ont fait part de l’importance pour elles de cette communauté d’éducateurs inuits au cours des années. Nous rencontrons aujourd’hui Rhoda Ezekiel.
Relations Publiques : Dites-nous-en un peu plus sur vous et sur la communauté d’où vous venez…
Rhoda Ezekiel : Je m’appelle Rhoda Ezekiel et je suis originaire de Quaqtaq; je travaille pour la commission scolaire depuis 29 ans. Je suis actuellement conseillère en formation des maîtres, mais j’ai enseigné pendant très longtemps, à tous les niveaux, avant d’occuper ce poste.
*Note : Rhoda nous a accordé cette entrevue en juillet 2018 et elle prendra sa retraite cet été.
RP : Quel cours donniez-vous à l’institut d’été l’année dernière?
RE : Je donnais le cours Élèves avec difficultés d’apprentissage. Ce cours a été conçu pour les techniciens en comportement, les conseillers aux élèves et les enseignants. La directrice d’école adjointe Christina Kaitainaq, de Kangiqsujuaq, a aussi suivi le cours, qui porte sur l’analyse des comportements perturbateurs chez les élèves et sur l’élaboration de plans de prévention et d’intervention. Il est important de déterminer les causes du comportement problématique, car il existe différentes stratégies pour y faire face.
RP : Que souhaitiez-vous que les enseignants retiennent de ce cours?
RE : Je voulais qu’ils se sentent à l’aise en préparant des plans d’intervention personnalisés qui aideraient les élèves à résoudre leurs problèmes de comportement. Pendant le cours, nous avons aussi abordé les différentes ressources auxquels les élèves pouvaient se référer. Par exemple, certains comportements sont d’origine physiologique et exigent un suivi de la part d’un professionnel de la santé. Cela peut vraiment faire une différence dans la vie de l’élève. C’est pourquoi j’espérais que les participants retournent dans leur communauté avec une trousse d’outils supplémentaires dont ils pourraient se servir pour aider leurs élèves.
RP : Que vous rappelez-vous de ce cours en particulier et du groupe qui l’a suivi?
RE : Je pense que le cours s’est très bien déroulé. Il s’agissait d’un nouveau cours. Nous avons eu accès à des ressources pour le préparer, mais tout était en anglais. C’est pourquoi Annie Tertituk, Maria, la consultante de McGill, et moi avons dû respecter un échéancier très serré pour déterminer le contenu que nous voulions traiter. Nous nous sommes assurées qu’il soit présenté dans un format adapté aux défis réels rencontrés au travail par les participants. Ce dont je me rappelle de ce cours, c’est l’ouverture de tous les participants envers les activités que nous leur proposions. Nous avons pris soin de noter les commentaires de chacun, ainsi que la manière dont ils ont interagi avec le contenu présenté. Ce fut très précieux car cela nous aidera à améliorer le cours la prochaine fois qu’il est offert.
RP : Nous avons entendu dire que vous étiez aussi diplômée de l’Université McGill?
RE : Oui, je le suis. J’ai d’abord participé au programme pour obtenir mon brevet d’enseignement du ministère de l’Éducation du Québec. C’était mon objectif principal. Une fois le brevet en mains, j’étais déjà habituée à suivre les cours proposés par le programme de formation des maîtres. J’aimais vraiment cela! Être avec des enseignants provenant des quatre coins du Nunavik offre de formidables possibilités d’apprentissage. Alors j’ai juste continué! J’ai obtenu tous les crédits nécessaires et, en 1998, l’Université McGill m’a décerné un baccalauréat en éducation.
RP : Vous participez donc au programme de formation des maîtres depuis maintenant de nombreuses années, où vous avez occupé différents rôles…
RE : Oui, je ne me souviens même pas de mon premier cours! J’ai d’abord été étudiante, puis je suis devenue l’une des anciennes étudiantes du programme avant d’être instructrice. Je me souviens que l’un des anciens directeurs du programme de formation des maîtres m’a abordée pour me demander d’enseigner la grammaire inuktitute. Je me souviens de m’être dit : « Oui, c’est quelque chose que je peux faire… » C’est comme cela que j’ai débuté comme instructrice. Par la suite, j’ai enseigné des matières liées au développement social et émotionnel de l’enfant. Cela me passionne et j’adore enseigner ces matières.
RP : Quel conseil auriez-vous pour la prochaine génération de Nunavimmiut qui envisage une carrière dans l’enseignement?
RE : À la jeune génération d’enseignants ou à tous ceux et celles qui s’engagent tout juste dans la profession, mon message est le suivant : « Marchez dans nos pas et reprenez le flambeau. Beaucoup d’enseignants certifiés et expérimentés prennent leur retraite ou approchent l’âge de la retraite. La prochaine génération doit donc s’engager sur la voie que nous avons tracée. Ceux et celles qui en sont à leur début dans la profession doivent prendre leur travail au sérieux, dans le sens où ils se doivent d’être sérieux quant à leur passion. Par exemple, moi, ce qui me passionne, ce sont le développement comportemental et le langage. Je m’identifie personnellement à ces matières et je peux me servir de ma passion envers elles pour accroître mes connaissances et mes compétences en tant qu’éducatrice. C’est le message que j’ai à donner à la prochaine génération d’enseignants.