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Profiter de l’été pour aller plus loin

Photo: Jade Bernier
2024 | 08 | 16
Histoires

On associe généralement les mois de juin et de juillet aux vacances. Cependant, pour un grand nombre d’enseignantes inuit du Nunavik, il s’agit plutôt d’un moment d’effervescence axé sur le développement professionnel.

L’Institut d’été, une tradition de longue date

Dès la fin des classes, ce sont les enseignantes (et quelques enseignants) qui prennent la place de leurs élèves sur les bancs de l’école. Chaque année, elles sont plus de 70 à se diriger vers un des villages du Nunavik pour participer aux cours de l’Institut d’été, offerts par l’Université McGill en partenariat avec Kativik Ilisarniliriniq.

Cette année, le tout se déroulait à Kangiqsujuaq — avec un nombre réduit de cours et de participantes en raison de la mauvaise température. Dans les corridors de l’école Arsaniq, on se sentait en famille. L’énergie était palpable, et les rires retentissaient en classe.

Les cours offerts durant ces deux semaines permettent aux étudiantes de cumuler des crédits en vue d’obtenir un certificat ou un baccalauréat en éducation auprès de l’Université McGill.

« Pour accéder au programme de formation des maîtres, il faut être embauchée comme enseignante par Kativik Ilisarniliriniq. Nous acceptons continuellement de nouvelles étudiantes parce que l’embauche se produit tout au long de l’année. Cela signifie qu’historiquement, les étudiantes entrent dans le programme à des moments différents et qu’elles obtiennent également leur diplôme à des moments différents », explique Dr Stephen Peters, directeur du Bureau de l’éducation des Premières Nations et des Inuits à l’Université McGill.

Le programme de formation des maîtres vise à outiller les enseignantes du secteur inuktitut, qui sont souvent recrutées sans expérience préalable. « Au fil des formations, leur confiance professionnelle se développe et le sentiment d’appartenance à une communauté professionnelle aussi », dit Audrée Pépin-Houle, directrice adjointe du développement de la formation chez Kativik Ilisarniliriniq. Avec ce programme, on souhaite la qualification légale des enseignantes, mais on veut aussi favoriser leur rétention. « Quand on se sent soutenue et accompagnée, on a envie de rester », ajoute-t-elle.

J’ai tellement appris avec la formation des maîtres. J’ai eu le privilège d’avoir des formatrices inuit très expérimentées. Les cours m’ont même aidée à développer mes compétences parentales. Les gens ne devraient pas avoir peur d’essayer le métier d’enseignante. Rejoignez nos rangs! Nous avons besoin de vous et nous vous aiderons!

Rita Ningiuk Inukjuak (2022) Certificat en éducation, université McGill

Les formatrices inuit du Nunavik au cœur de tout

Ce programme n’existerait pas sans l’expertise et l’engagement d’enseignantes inuit qui, au fil des ans, se portent volontaires pour concevoir et offrir ces cours universitaires en inuktitut.

Pour le Dr Stephen Peters, « Il faut souligner cela. Nous ne pouvons reproduire aucun de ces cours avec des formateurs de McGill. Ce n’est tout simplement pas possible […]. Ce n’est pas une question de langue, c’est bien plus que ça. Nous avons absolument besoin d’elles. Leur connaissance du système scolaire du Nunavik, des élèves inuit, c’est essentiel. Et au-delà de ça, ce qu’elles apportent au cours est exceptionnel », explique-t-il.

Les enseignantes qui acceptent d’être formatrices pour un cours universitaire font vraiment le choix de redonner à la communauté. Pendant qu’elles enseignent, elles ne peuvent pas simultanément suivre un cours dont elles auraient besoin pour cumuler les crédits d’un baccalauréat, par exemple.

En fait, nos formatrices priorisent souvent l’avancement de leurs pairs et celui de la communauté plutôt que leur avancement individuel.

Audrée Pépin-Houle Directrice adjointe du développement de la formation, Kativik Ilisarniliriniq

Les cours sur le campus de McGill

À peine deux semaines après l’Institut d’été, un groupe plus restreint d’enseignantes faisait à nouveau ses bagages pour s’envoler vers le campus de l’Université McGill, à Montréal, où deux cours étaient offerts.

En étant sur le campus, on prend la pleine mesure de son statut d’étudiante universitaire. « Presque tous nos cours sont offerts au Nunavik, donc McGill demeure pour elles une abstraction lointaine. Quand elles mettent les pieds ici, les étudiantes sont fières. Sur place, elles peuvent obtenir leur carte avec photo, visiter la bibliothèque et s’imprégner de lieux qui représentent aussi toute une période de l’histoire du Canada », explique Audrée Pépin-Houle.

Et cet été, le cours d’arts était offert entièrement en inuktitut, au sein même de l’université.

C’est quelque chose de très rare et c’est quelque chose dont nous pouvons être extrêmement fiers. Entendre parler inuktitut dans les couloirs cette semaine, même dans les salles de classe, et entendre les formatrices s’adresser aux étudiantes en inuktitut, c’est quelque chose de spécial. Pas seulement pour McGill, mais pour les universités nord-américaines en général! Les programmes de nos partenaires sont probablement parmi les seuls en Amérique du Nord à être donnés entièrement en langues autochtones.

Dr Stephen Peters Directeur du Bureau de l’éducation des Premières Nations et des Inuits, Université McGill.

Le travail d’enseignante est gratifiant et stimulant.

Si vous êtes tentée de vous lancer, communiquez avec l’école de votre village!

Les enseignantes qui sont nouvelles dans la profession sont soutenues par toute une équipe. Elles peuvent avoir accès à des programmes de formation universitaire.

Nous offrons des avantages fort intéressants!